L'annexion : deux pays pour une industrie sans frontière

A partir de 1871, la Lorraine perd la Moselle actuelle annexée par les Allemands. A Villerupt, la frontière passe au carrefour Schneider et longe la route qui mène à Audun : à gauche, on est en France, à droite dans le Reich allemand.

Observez la maison qui fait l'angle près de la borne départementale. Elle a été construite avant 1895 pour loger un des chefs de  services de Micheville. Remarquez la belle grille forgée à Villerupt. Aux n°5, 7 et 9 habitaient des ingénieurs. A l'arrière a été construite à la même époque une cité ouvrière qui porte le nom de « Frontière » . Nous voici au coeur du boum sidérurgique. La perte des mines et des usines de Moselle oblige la France à développer la siédrurgie en Meurthe et Moselle. L'usine de Micheville est fondée en 1873 et emploie plus de 4000 ouvriers en 1910. Villerupt, qui compte deux autres usines : Aubrives et Laval-Dieu, devient un Far West. La ville passe de 1200 habitants en 1881 à 8600 en 1911.

Traversez la rue de la Frontière. Au n°1382 avenue Allende, voici une large maison de style très différent construite par les allemands vers 1912 qui abritait un café. Observez le fronton d'inspiration germanique et le décor néo-baroque autour de la lucarne. La frontière est encore visible aujourd'hui dans ce face à face architectural.

Longez le trottoir vers Villerupt. Puis juste avant le 1er magasin, prenez les escaliers qui grimpent à gauche et qui suivent la frontière. Après avoir coupé la rue de Strasbourg, continuez jusqu'à la rue Garibaldi. Remarquez sur votre droite les 2 bornes, dernier vestige de la frontière. Sur l'une on peut lire d'un côté la lettre F pour France alors que, de l'autre côté, la lettre D a été martelée.

Tournez à gauche. Nous sommes désormais sur le territoire d'Audun, dans la rue de l'Orne. Sur notre gauche, nous longeons une cité ouvrière, puis, au-delà, on a une belle vue d'ensemble sur le site de l'ancienne usine de Micheville. Les ateliers occupaient le fond de la vallée. Les cités ont été construites sur le versant, à Butte.

Continuez tout droit par le chemin interdit à la circulation. On longe le terrain de foot. Juste après le premier immeuble, descendez par les escaliers sur votre gauche. On passe devant la chapelle. Prenez à droite la rue de la Meuse. En bas, le long de la route au fond de la vallée on peut observer une autre cité ouvrière en bande, construite avant 1914 par les français mais en territoire allemand. La frontière n'était donc pas un obstacle aux opérations immobilières. En suivant la rue de la Meuse, on découvre d'autres maisons construites après 1918 pour l'usine de Micheville et des plus grandes datant des années 30.

Au bout de la rue de la Meuse, prenez à gauche le chemin de la Dell qui débute par des escaliers. Arrivés en bas du carrefour, nous découvrons deux bâtiments de l'époque allemande. En face du carrefour, voici une ancienne école primaire construite par les Allemands. En tournant à droite, examinez la maison, au 856, rue Clemenceau, de style germanique édifié en 1907. Observez la tour, les colombages et le beau décor inspiré de l'Art Nouveau autour des fenêtre.
 

En continuant, on passe devant le cimetière. En face, le garage Peugeot est installé dans les anciens bâtiments du puit n°3 ouvert en 1907. Au-delà de la rue de l'Usine, on longe le bâtiment des Soufflantes de l'usine d'Audun. En effet, après la guerre de 1870, la sidérurgie se développe aussi côté allemand. L'usine créée en 1879 est d'abord dominée par les capitaux belges des Aciéries d'Angleur. Mais les Allemands s'intéressent vite à la minette lorraine. Ainsi en 1892, l'usine passe sous le contrôle des charbonnages d'Aix la Chapelle.